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Le désir et le besoin de plaire après la séparation

Marie-Aude Barette, Psychothérapeute en collaboration avec Michel Dupeyroux Psychopraticien

Juillet 2002

 

Après une séparation ou un divorce, les blessures profondes sont longues à se refermer, pour les deux personnes, qu’il y ait eu une volonté unilatérale ou commune de se séparer.

La séparation peut néanmoins apporter dans un premier temps, un sentiment de mieux-être, de soulagement. Lorsqu’elle est l’aboutissement d’une situation de couple qui dysfonctionnait, elle apporte même un dénouement libérateur.

Mais la douleur de ce déchirement se réveille toujours à plus ou moins longue échéance, car l’unité fonctionnelle et affective que le couple formait éclate.

Les prises de conscience des projets abandonnés ou avortés, du manque de ce qu’apportait l’autre dans cette écologie du couple, font plonger dans un long processus de deuil. A travers ce difficile travail, les inévitables phases de colère, de dépression, de déni, de marchandage sont franchies durant plusieurs années, pour aller vers l’acceptation.

Cette situation douloureuse du présent, fait contacter, par résonance et de façon inconsciente, les peurs et les angoisses d’abandon de la petite enfance. Nous sommes alors confrontés à un sentiment d’abandon global et de solitude existentielle.

Le sentiment de solitude est renforcé par la disparition du couple qui assurait la fonction d’interface entre soi et le monde. L’entourage, les amis, s’éloignent, créant un isolement relationnel. Nombreux sont alors les adultes qui venant de subir une séparation retournent en situation d’adolescent se réfugier auprès de leurs parents.

Face à nous-mêmes, à la nécessité de réorganiser notre vie, à lui trouver à nouveau du sens, nous recherchons à nous reconstruire, et à réintégrer le monde social.

Deux attitudes

Deux types de réactions se présentent alors

  1. le repli sur soi,

  2. la vérification de ses capacités à aimer et à être aimé.

Les deux attitudes peuvent se relayer, se succéder, et même se superposer.

  1. Le repli sur soi, la perte de désir de relation avec les autres, répond au besoin de se protéger. Blessé et vulnérable, la présence des autres semble un danger de plus.

L’isolement s’installe, à son insu, souvent dans la durée. Le moment ou la personne " s’en arrange" vient ensuite, qui fait qu’elle arrive même jusqu'à le justifier, à l’aimer !

Le manque de rencontre, d’histoire d’amour, n’est pas ressenti alors. L’éventualité même de relation n’est pas envisagée, car la personne se sent très bien seule !

En réalité, l’autre, potentiel et absent, est quand même remplacé. Par les enfants, le travail, toutes autres conduites de surinvestissement secondaire qui nous accaparent tant qu’elles nous éloignent de nos sensations et sentiments de manque relationnel.

Les rares instants où les sentiments de solitude affleurent à la conscience sont rapidement accompagnés par d’angoissantes questions qui surgissent : suis-je encore aimable, suis encore capable d’aimer ?

  1. La vérification de ses capacités à aimer, à être aimé, à plaire, à séduire

C’est une recherche de réassurance qui se manifeste sous des formes différentes avec de nombreuses questions sur soi :

  • Suis-je désirable ? Suis-je aimable ?

  • Puis-je aimer à nouveau?

  • Si j’ai été abandonné comme ça, il doit y avoir de vraies bonnes raisons !

  • Qui peut s’intéresser à moi maintenant ?

  • Devant cette nouvelle rupture, je dois être impossible à vivre pour les autres !

  • Suis-je capable de réussir une relation ?

  • Suis-je capable de reconstruire ?

Être aimé est un besoin fondamental. Il se manifeste toujours d’une façon ou d’une autre. Il va donc tôt ou tard, réapparaître sous la forme d’un manque affectif et ou sexuel. Il s’agit alors de vérifier ses capacités à séduire, à plaire.

Les questions sur ses capacités à aimer, à être aimé sont diversement gérés.

Les uns se résignent et renforcent leurs replis sur eux-mêmes.

La peur de la répétition de l’échec, de la douleur de la déception, les amène à un compromis acceptable entre la sécurité et la solitude. Ce compromis peut alors à tout moment devenir inacceptable et entraîner un désir de changement de situation.

Les autres osent se relancer dans l’aventure de la rencontre. Leur capacité à séduire, à plaire est alors mise en jeu et apporte dans un premier temps une satisfaction et rassure. Mais les blessures de la précédente relation sont encore ouvertes. La peur de l’engagement ou la vérification de prédiction négative (ne suis-je capable que d’échec) amènent à raccourcir la durée des relations et à les multiplier.

Et à ce stade encore, les sentiments de doute sur soi, sur son attitude dans les rencontres surviennent.

De par la quantité, la fréquence, la facilité, de celles-ci, elles ne sont pas si satisfaisantes, et laissent un sentiment de malaise. Et le regard des autres accentue la culpabilité éprouvée par les expériences multiples.

Pourtant cette phase est nécessaire, même indispensable.

Elle est surtout normale, si l’on peut parler de normalité dans les modes de relation aux autres. Ici nous employons le terme normal pour faire le pendant positif et psychologique à une morale sociale normative et par trop castratrice, où le regard des autres peut sembler culpabilisant.

Reconstruire un couple, sans se reconstruire auparavant, sans expérimenter dans des relations diverses et multiples, sans se réassurer sur ses capacités à construire un couple durable, risque de reproduire les causes de dysfonctionnement du couple précédent. Cette phase de rencontres multiples est salutaire pour sa reconstruction.

Une autre fonction de cette phase de rencontres multiples est d’atténuer passagèrement le sentiment de solitude affective ou de l’éviter. Cette période de solitude est également nécessaire pour reprendre contact avec son identité profonde, elle s’accompagne d’un sentiment de solitude existentielle douloureux. Elle apparaît soit avant la recherche de reconstruction de l’image de soi, soit après avoir vécu de nombreuses relations de courte durée.

La période de reconstruction de soi passe par ces deux étapes, le repli sur soi, période de solitude, et la vérification de ses capacités à rencontrer.

L’ordre d’apparition de l’une ou de l’autre est spécifique à chaque personne, mais le passage par les deux étapes est le garant d’un bon redémarrage dans sa vie relationnelle.

D’ailleurs être passé par ces phases, avoir vécu les sentiments qui leur sont attachés, permet de relativiser son expérience et de prendre une distance salutaire avec le système de valeur de notre société parfois si limitant.

Les avoir vécu et les comprendre, développe en nous humilité, tolérance et compréhension de l’autre !

Un bout de chemin vers l'humanité...

Marie-Aude BARETTE en Collaboration avec Michel Dupeyroux

The Science & 

Mathematics University

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